Arrêtez de nous tuer. Nos vies comptent.

Cet article n’était absolument pas prévu mais je ne pouvais pas rester silencieuse après ce qu’il nous a été donné de voir ces derniers jours.

Les personnes noires ont été esclavagisées, torturée, colonisées, pendues, isolées, insultées. Aujourd’hui ça continue car nous sommes toujours persécutés. Rien n’a changé.

Lundi soir, Georges Floyd, un homme noir a été assassiné à Minneapolis dans le Minnesota, par des policiers qui prétendaient mener une arrestation. Il n’a émis aucune résistance. Il était seul face à 4 policiers et a été plaqué au sol et étouffé par 3 d’entre eux pendant que le quatrième ne faisait rien.

Avant lui, il y’a eu Breonna Taylor, Oscar Grant, Stephon Clark, Sean Reed et des centaines d’autres aux États-Unis seulement. En France, ce n’est pas mieux. Rappelons-nous de Adama Traoré ou de Cédric Chouviat qui ont été tués, de Théodore Luhaka ou de Boubacar Dramé qui se sont fait brutaliser. Par la police. Leurs noms sont bien trop nombreux pour tous les citer. Tous des hommes et des femmes noirs ou racisés.

Il y a quelques jours sur un plateau télé Camélia Jordana disait que des hommes et des femmes se faisaient massacrer, tous les jours, à cause de leur couleur de peau. Que lui a-t-on répondu ? Que ces propos étaient « mensongers et honteux ». Le gouvernement français refuse de reconnaître le terme de violence policière. En faisant cela, il crache sur toutes les victimes et toute leur famille. Il choisit de fermer les yeux et de se voiler la face au lieu de reconnaître le meurtre d’hommes et de femmes pour nulle autre raison que leur couleur de peau.

Il est évident que nous connaissons l’histoire d’une infime partie d’entre eux. Alors, imaginez un instant si nous n’avions pas de téléphones. Ces hommes et ces femmes resteraient dans l’ombre. Nous n’en aurions jamais entendu parler. Nous n’aurions jamais pu parler, dénoncer et réclamer la justice pour tous ces gens. Et pourtant on sait que malgré la médiatisation des violences policières, les policiers coupables ne vont pas en prison. Ils n’écopent d’aucune peine si ce n’est la suspension de leur fonction pour quelque temps. Quel est le message que l’État et la justice font passer ainsi ? Les vies des personnes noires et racisées ne comptent pas. On peut nous insulter, nous frapper, nous brutaliser, nous tuer et cela restera impuni. A l’heure où j’écris cet article, les policiers qui ont assassiné Georges Floyd ont été licenciés…et c’est tout. Malgré le nombre de vidéos, les témoignages et les messages de protestation sur les réseaux, la justice n’a toujours pas cru bon d’arrêter ces hommes.

Certains diront que les policiers aussi se font attaquer, qu’ils ne font que leur travail et qu’il faut les comprendre. Dire cela c’est insinuer que le travail d’un policier, un représentant qui est censé assurer la sécurité des citoyens, est de blesser ou de tuer un homme parce qu’il est noir. C’est minimiser la souffrance de milliers de personnes dans le monde, minimiser leur lutte et c’est occulter le problème du racisme dans la société.

Qu’on ne vienne pas nous dire qu’une personne noire et une personne blanche sont à égalité devant la justice. Qu’on ne vienne pas nous dire que le white-privilege n’existe pas. Qu’on ne vienne pas nous dire que ces crimes n’ont rien avoir avec la couleur de peau des victimes. Qu’on ne vienne pas nous dire que le racisme ne tue pas.

Nous personnes noires, afro descendantes, arabes, métisses, avons le droit de vivre et comme des centaines de gens avant nous, nous nous battrons pour ce droit. Nous nous battrons pour que les policiers qui tuent soient emprisonnés. Nous nous battrons contre cette société qui a décidé que nos vies ne comptaient pas. Nous nous battrons pour enfin faire respecter ce précepte simple : tous les humains naissent libres et égaux en droit.

Ella.